C'est le
titre d'un ouvrage de Samuele Furfari, paru chez François Bourin, dont
les chapitres sonnent comme de la musique aux oreilles
des zécolos :
- Limiter la consommation d'énergie
- Isoler les bâtiments
- Réduire l'usage de la voiture
- Subventionner les énergies vertes.
- Promouvoir les énergies renouvelables
etc., etc.
Je connaissais SF pour avoir acheté (et lu !) en 2007 son imposant Le monde et l'énergie - Enjeux géopolitiques,
où ce
conseiller à la DG Energie de la Commission européenne m'avait un
peu étonné en ruant dans les brancarts et en affichant un scepticisme
alors de mauvais aloi sur Kyoto et même le GIEC. J'étais
bien conscient à l'époque de l'absurdité du Protocole de Kyoto, mais
c'est tout de même Furfari - un homme d'appareil, pourtant - qui m'a le
premier dessillé les yeux et conduit à m'interroger
sur la réalité du phénomène de réchauffement global anthropogénique
(et non pas anthropologique comme un lapsus malheureux le fait
écrire par SF à la page 125 du Tome 1 - mais il semble
que SF ne se relit pas avec soin, car dans son dernier livre il y a
deux ou trois bourdes du même genre, ce qui n'enlève rien évidemment à
la force de la démonstration).
Le père
de l'auteur était arrivé en Belgique en 1948, venant de sa lointaine
Calabre pour aller travailler dans les mines de charbon
comme tant d'autres membres de la nombreuse diaspora italienne, ces
Italo-Belges dont plus d'un a oublié sa langue ancestrale mais nul n'a
renié sa nationalité. SF étudie alors à l'Université
Libre de Bruxelles où il acquiert un doctorat en sciences appliquées
et, plus tard un poste de professeur. Les fariboles écolos, très peu
pour lui, à qui sa mère avait raconté so émerveillement
lorsqu'elle avait acheté sa première machine à laver qui lui servait
dans son métier de blanchisseuse des vêtements de mineurs. Comme
l'écrit SF : "Pour ma mère, c'était un miracle. En
Calabre, elle devait aller au torrent pour laver le linge dans l'eau
froide, en le frottant sur une grosse pierre qu'elle avait fabriqué
elle-même en faisant bouillir des restants d'huile d'olive
de friture avec de la soude". En bref, cette brave dame n'était pas
vraiment partisane de la décroissance, et elle ne considérait pas la vie
en Calabre comme le Paradis terrestre, différant en
cela de nombreux adeptes de la vie simple et naturelle - adeptes
pour les autres, ça va de soi.
SF
connaît donc son affaire et a des idées bien établies, mais établies sur
des raisonnements et des faits assez bien argumentés. Les
titres de ses chapitres sont en fait les mythes qu'il entreprend de
déconstruire, donnant de ci de là de petits coups de griffe bien
mérités à la Commission dont la politique
environnementale et énergétique n'est pas toujours très rationnelle ;
comme il l'écrit et le déplore lui-même, il y a beaucoup d'écologistes
(sic) dans la DG Environnement...
Ce livre
arrive à temps ; les sceptiques ou agnostiques bien renseignés n'y
trouveront sans doute pas énormément de points de vue
nouveaux (sauf peut-être sa conviction que le prix du pétrole va
baisser, et j'ai un autre point de vue
que lui sur
la séquestration carbone) mais par contre une foule de détails et
d'anecdotes intéressants, ainsi qu'une vue cavalière sur toute la
problématique, sans tableaux ni graphiques (il faut pour cela
se référer soit à son Monde de l'énergie, soit à son Politique et géopolitique de l'énergie,
plus récent) pour un accès tous publics, pour ceux qui peut-être
voudront entendre
un son de cloche un peu différent de celui que propage la Presse
francophone dans son immense majorité (j'entendais encore le journal
parlé de 13 h. à la RTBF - chaîne de référence, tout de même
- un longanime reportage sur une manifestation anti-nucléaire qui
avait rassemblé quelques dizaines de personnes !). On a besoin
d'ouvrages comme celui-c ; heureusement, ils commencent à arriver
(cf. Maurice Tubiana, Arrêtons d'avoir peur !). J'ai trouvé
un moyen de répandre la "bonne parole", j'achète ce genre de livres et
j'en fais cadeau aux amis dont je pense qu'ils
pourraient les faire réfléchir, voire évoluer (il y en a d'autres
pour lesquels ce serait de l'argent jeté) ; j'ai ainsi acheté une
dizaine d'exemplaires du livre de Sylvie Brunel, A qui
profite le développement durable ?, qui a l'avantage supplémentaire d'être très peu coûteux... un cadeau idéal pour les dîners en ville !
J'avais en son temps recommandé la lecture
de Robert Bryce, dont les livres, eux, regorgent de tableaux et
de graphiques et dont le style brillant et enjoué est assez différent du
style un peu pédestre de SF (pas étonnant, l'un est
journaliste et l'autre prof...). Mais ils sont en anglais, et je
suis bien certain qu'ils ne seront jamais traduits !
Au placard, les Kempf et consorts !
http://revereveille.over-blog.com/article-l-ecologie-au-pays-des-merveilles-106663852.html